Je l’aime, le ciel. Je pense que je l’adore, même, je dirais. Je l’ai toujours aimé pis je pense même adoré. Pis je pense que je commence à savoir pourquoi.
T’sais, le ciel que je regarde le matin en sortant les poubelles pis en prenant une grande inspiration, b’en c’est le même. C’est toujours le même. Il change pas. Pas vraiment. C’est le même ciel que quand j’étais petit au village pis que je le regardais dans le champs en prenant une grande inspiration. C’est le même que je regardais quand je suis tombé amoureux pour la première fois. C’est le même encore que quand j’ai vécu ma première peine d’amour. C’est le même que je regardais quand j’ai déménagé. C’est le même que quand j’ai vécu mes plus grandes joies, mes plus grandes peines, quand j’ai perdu des gens, quand j’ai fais face à la mort, quand je me suis fait de nouveaux amis, quand toute ma vie est arrivée.
À travers les marées de mon existence instable et changeante, le ciel, lui, pour mon oeil faillible et imparfait, il est toujours le même. Il est toujours là. Avec les années au fil du temps j’ai peut-être perdu ma doudou avec des grenouilles de quand j’étais un enfant, mais la grande couverture avec des nuages, elle, elle est encore là.
Ça me fais sentir un petit quelque chose quand je t’en parle, au niveau de juste en haut du nombril. Comme un petit resserrement. J’imagine que c’est quelque part parce que je dis quelque chose qui est vrai.
Ça me fait aussi la même sensation juste en haut du nombril quand je me dis que c’est le même ciel que mon arrière grand-père regardait pendant qu’il foulait les champs du village. Que c’est le même que mes ancêtres regardaient pendant qu’ils marchaient de Boston jusqu’à Lanaudière pour aller s’y établir. Que c’est aussi le même que, il y a des millénaires, des gens comme moi, mais avec des accoutrements un peu différents, regardaient pendant qu’ils vivaient leurs vies changeantes elles aussi.
Ça me fait aussi la même sensation juste en haut du nombril quand je me dis que c’est le même ciel que toi tu regardes le matin quand tu sors tes poubelles pis que tu prends une grande inspiration. Au travers toutes nos différences toi et moi, nous et eux tous, on regarde tous l’emprunte que laisse la Lune sur le ciel à l’aube, on regarde les mêmes étoiles, on fixe le même infini, qui qu’on soit, où qu’on soit, quand qu’on soit.
Dans ce monde extérieur en constante révolution, et dans ces mondes intérieurs de plus en plus isolés dans nos boîtes de béton et mentales, le ciel est pour moi une reliance à tout ce qui a des yeux pour le regarder comme moi en prenant une grande inspiration.
Il est important dans ma vie le ciel.