Est-ce que tu pries, toi? Moi je pense que oui. Je suis pas certain, mais j’ai l’impression que oui. Je suis presque certain, même, mais on dirait que j’ose pas être complètement certain. Mais je pense que oui, je prie.
Je sais pas qui ou quoi exactement je prie, mais je prie. Des fois j’ai l’impression que je prie moi, que j’offre une prière à moi-même. Il y a une certaine familiarité dans la proximité d’une prière je trouve. Ça ressemble à quand je me regarde dans les yeux dans un miroir un peu. La familiarité qu’on ressent quand on connait par coeur quelque chose ou quelqu’un, qu’on l’a déjà vu souvent, qu’on connait sa texture. Quelque part j’imagine que ça fait du sens pour quelqu’un de non-dualiste d’avoir cette impression-là, donc je ne m’en dis rien de particulier et je m’offre une prière.
Offrir. Pas demander. Pour moi, prier, ce n’est pas comme commander au restaurant après avoir regardé le menu et attendre que le serveur m’apporte ce que j’ai demandé. J’ai pas l’impression que ça marche comme ça, que l’univers ou je ne sais quoi est là à attendre ma gentille commande pour ensuite se plier en quatre, les genoux comme en train de se frotter sur le plancher de ciment pour venir me donner ce que je veux bien ce jour-là au fil de mes caprices égotiques.
J’ai plus l’impression que, prier, c’est donner, c’est offrir, c’est remercier surtout. C’est faire acte de reconnaissance pour tout ce qu’on m’a donné jusqu’ici, et pas encore surtout.
C’est offrir,
aujourd’hui,
la gratitude pour demain,
et m’offrir donc, à moi,
aujourd'hui,
la grâce que je croyais mériter
demain seulement.