6 mai 2024

Mon amie, vieillir, moi je trouve ça beau. Vraiment beau. Pis même si je te parle purement de façon matérielle et superficielle, j’nous trouve physiquement vraiment beaux pis belles, moi, les adultes avec le corps qui se marque tranquillement par le temps et nos mouvements des dernières décennies. Il y a un genre de charme mystique dans un visage où on peut déceler encore l’espièglerie des traits enfantins, mais entouré un peu plus qu’avant de petites rides et de petites taches. Peut-être parce que je vieillis moi aussi lentement, que j’arrive doucement à la constatation que d’être un adulte qui se sent un adulte comme je m’étais imaginé quand j’étais enfant, b’en ça n’arrivera juste jamais. Pis que quelque part cette partie de moi qui s’amuse du fait de rester par en dedans pareil pourtant, elle reconnait la même partie dedans toi, la gamine encore avec des contours de grande. Pis que quelque part dans un regard hors du temps et de l’espace, l’enfant en dessous du costume de grand se sent comme dire au tien—Hey, tu m’auras pas, j’te vois, j’t’ai trouvé. Je sais qu’tu me voies aussi. Moi aussi je suis encore là. Moi aussi j’fais juste semblant avec mes rides de grand. Peux-tu croire ça, toi? D’avoir des costumes qui donne l’impression de vouloir tenir un porte documents dans un ascenseur, quand au fond on veut encore juste aller trouver des belles chenilles dans les champs pis s’imaginer des histoires dans les nuages? Ça va être notre secret, j’dirai rien si tu dis rien. Croix de bras croix de fer, si j’mens j’vais en enfer.

Lettre du dimanche