La méditation

Méditer n’a pas besoin d’être compliqué. Ça n’a pas besoin d’être emballé dans toute cette esthétique matérielle de spiritualité, avec l’encens, le patchouli, le lin, être assis en lotus sur un coussin ornementé dans un monastère sur le haut d’une montagne de chine sous l’ambiance de musiques New Age dans le but d’atteindre l’éveil transcendental et d’ouvrir les portes des dimensions lumineuses de l’univers intérieur.

Fais juste te poser un moment.

Pas pour t’éveiller. Pas pour devenir zen. Pas pour atteindre la paix intérieur. Surtout pas pour essayer cette quête absurde d’arrêter de penser. Non, on ne va pas ici ensemble essayer d’arrêter une fonction tout à fait naturelle d’un organe.

À la place d’essayer de transcender l’univers et d’atteindre le sommet de la grandeur spirituelle, fais donc juste te poser. Sur une chaise, sur un lit, par terre ou sur ton divan, tout ça n’a pas la moindre importance. Fais juste te poser quelque part de relativement confortable pour ton corps à toi. Tu n’as pas besoin de musique. Tu n’as pas besoin d’application sur ton téléphone. Tu n’as pas besoin d’un enregistrement d’une voix suave qui te raconte une belle histoire sur toute ta brillante lumière intérieure. Tu n’as pas besoin de toutes ces babioles extérieures. Tu as déjà tout ce qu’il te faut. Tu as toi.

Ensuite, une fois posée, compte. C’est facile, tu sais compter. Tu es capable de compter jusqu’à quatre. Donc inspire en quatre secondes et compte.

Un, deux, trois, quatre.

Expire aussi en quatre secondes, tout en comptant.

Un, deux, trois, quatre.

Puis, pendant que tu comptes sans cesse de un à quatre, observe ce qui se passe. C’est facile, tu sais observer. Tu es capable d’observer ce qui se passe. Donc fais juste observer ce qui se passe.

Tu as chaud? Observe que tu as chaud. Tiens, j’ai chaud. Un, deux, trois, quatre. Ta jambe pique? Observe que ta jambe pique. Tiens, ma jambe pique. Un, deux, trois, quatre. Tu trouves le temps long? Observe que tu trouves le temps long. Tiens, je trouve le temps long. Un, deux, trois, quatre. Tu t’inventes des excuses pour te relever plus tôt? Observe que tu t’inventes des excuses pour te relever plus tôt. Tiens, je m’invente des excuses pour me relever plus tôt. Un, deux, trois, quatre.

Ne le fais pas juste 5 minutes pour commencer, fais-le 20 minutes au complet. Ce n’est pas difficile de rester là à ne rien faire que de compter jusqu’à quatre et d’observer ce qui se passe pendant 20 minutes. Si tu es capable de regarder ce qui se passe à la télévision pendant une heure, tu es capable de regarder ce qui se passe en toi pendant 20 minutes.

Tu es capable de rester là avec l’inconfort.

C’est comme ça. C’est tout.

Il n’y a rien à réussir, il n’y a rien à atteindre, il n’y a pas de grand trésor miraculeux et transcendantal qui t’attend.
Il y a juste le moment.
Il y a juste la pratique.
Tu n’y gagneras rien du tout.

Et fais-le quand même.

Assieds-toi.
Ferme les yeux.
Compte jusqu’à quatre.
Observe ce qui se passe.
Relève-toi.
Oublie ce qui vient de se passer.

Lettre du dimanche