11 mars 2023

Laisse entrer.

Longtemps dans ma vie j’ai laissé la porte fermée, barrée, barricadée même. Pis t’sais, c’était oui efficace pour empêcher le méchant, le dangereux, le risque, d’entrer, mais sauf, c’était oui AUSSI efficace pour empêcher le gentil, le vrai, le beau—d’entrer. C’était noir tout le temps, derrière les portes fermées à la possibilité de la lumière. Mais après un moment, un long moment, des années à rester comme ça comme (r)enfermé, j’me suis dis que c’était pas ça, la vie, une vie. B’en, t’sais, ça PEUT être ça, ça aurait pu être ça ma vie, mais sauf, je voulais pas ça, je voulais pas que ce soit ça ma vie—la peur, la trouille. Je me suis regardé pour le vrai ce jour-là dans le noir, pis ce que j’ai vu c’était pas quelque chose que je voulais voir. J’ai vu un trouillard. J’ai vu quelqu’un qui voulait tricher la vie. Qui voulait juste le gentil, juste le beau, juste la lumière, sans les risques, sans danger. Mais c’est pas comme ça que ça marche, que je le voulais ou non. La lumière existe uniquement dans un monde où la noirceur existe. Le beau existe juste parce que je connais le laid.

Je ne peux pas vivre sans le risque de mourir.

Ouvrir la porte, laisser rentrer, c’est accepter le risque que quelque chose que je veux pas qui rentre, rentre quand même. Pis ça fait peur. Oui. Mais sauf, je pense pas que la solution c’est de fermer la porte. En tout cas, pas si je voulais pas vivre juste dans la peur et le noir.

Ce qu’il fallait que je fasse, ce que j’ai choisi de faire, c’est de devenir un meilleur gardien. Devenir quelqu’un qui sera capable de faire face au laid s’il rentre. Un gardien-guerrier de mon centre. 

Devenir courageux.

Choisir de prendre le risque d’avoir mal.

Choisir de laisser entrer.

Choisir de vivre.